jeudi 14 juillet 2016

Six questions à Simon Hupperetz, qui sera coach de l'équipe rwandaise aux JO de Rio 2016

1. Simon Hupperetz, vous êtes coach pour le team Rwandais VTT. Participerez-vous au JO à Rio ? Quels compétiteurs encadrerez-vous ?

Ma participation en tant que coach aux prochains Jeux Olympiques de Rio est confirmée. C'est avec émotion que j'ai reçu il y a quelques jours mon accréditation, ce bout de papier tant convoité. J'y accompagnerai Nathan Byukusenge, mon poulain. Il s'alignera le 20 août dans l'épreuve de cross-country olympique. Nathan succède ainsi à Adrien Nyonshuti qui avait pris part aux Jeux de Londres en 2012. (Nyonshuti est aligné en ce moment au Tour de Pologne avec son équipe Dimension Data).


2. Combien de temps passerez-vous à Rio ? Rencontrerez-vous la délégation belge ?

Je serai présent à Rio du 3 au 27 août. J'aurai l'occasion d'assister à d'autres épreuves, cela va être une belle expérience. Nous serons sûrement amenés à rencontrer d'autres fédérations, la Belgique sera là, évidemment.


3. On vous a vu lors de diverses manifestations en Belgique, en mai. N'avez-vous pas été déçu de la prestation de votre protégé lors de l'épreuve "BeMC" ? 

Déçu, oui et non. Je pense que Nathan avait fait une solide préparation au Rwanda après un bon début de saison en Afrique du Sud. Le BeMC devait en principe bien lui convenir, il apprécie les longues distances et a d'ailleurs terminé 18e du Cape Epic cette année. En arrivant en Belgique, il faisait frais, j'ai vu mon coureur fatigué, il n'était pas très bavard. Lors de la première étape, il rétrogradait dans le classement au fil de la course, sans doute avait-il mal jugé la difficulté, une entrée en matière décevante. Cette expérience l'a marqué, nous en reparlons d'ailleurs de temps en temps et en avons tiré les enseignements. Il a nettement mieux terminé son stage en Europe avec une bonne course lors de la Benelux-cup à Eupen où il ne passe pas loin d’un top 20.


4. Cela fait un an que vous êtes au Rwanda, pays que vous connaissiez déjà pour y avoir formé la toute jeune fédération rwandaise. Quelles leçons en tirez-vous ? Pensez-vous que des épreuves majeures pourraient y être organisées, telles des épreuves internationales, voir à plus long terme, des Coupes du Monde ?

Le Rwanda offre un beau terrain de jeu pour le VTT. Y organiser une grande épreuve mondiale n'est pas encore à l'ordre du jour, je pense. Au Rwanda, le cyclisme émerge après de nombreuses années de galère. C'est toujours la débrouille mais il y a de nombreux signes encourageants. Mais qui sait, avec le soutien de sponsors et de l'UCI, ceci pourrait être une grande première en Afrique noire. Il y aurait énormément de spectateurs, ça c'est certain. Ce week-end j’organise avec la fédération le premier championnat national de VTT de l’histoire du Rwanda.Je serai évidemment en selle sur le circuit que Nathan et moi avons tracé dans les forêts d’eucalyptus.


5. Votre contrat a été renouvelé et vous encadrerez donc encore les équipes VTT, mais aussi route. Pensez-vous faire carrière au pays des mille collines ? Ou bien pensez-vous reprendre du service en Europe ?
Revenir prochainement en Europe n'est pas dans mes plans. J'aimerais encore continuer au Rwanda, je m'y sens bien. Le développement du cyclisme sur route passe en premier mais la fédération fait des efforts pour que de nouveaux vttistes émergent. Nous venons d'ailleurs d'organiser deux stages VTT pour les meilleurs juniors du pays. Deux semaines où nous avons pu faire découvrir à ces jeunes ce qu'est le VTT, ils ont adoré.

La route me plaît bien. J’ai pu vivre le Tour du Rwanda en tant que directeur sportif en novembre dernier, c’était formidable. En mars dernier, nous avons passé un mois en Algérie sur le Grand Tour d’Algérie, ce fut une des expériences les plus enrichissantes pour moi. J’espère pouvoir diriger l’équipe lors du prochain Tour du Cameroun en septembre prochain, ça reste à confirmer.


6. Que pensez-vous de la vie pour un "jeune blanc au pays des noirs" ?

Vivre au Rwanda est une sacrée aventure. La vie de tous les jours est bien différente de chez nous, il n'y a pas photo. Oser franchir les portes de l'Afrique pour aller y travailler, j'en suis fier et je ne le regrette vraiment pas. Ici, on apprend plus à vivre avec les autres, être à l'écoute, c'est nouveau pour moi. Les rwandais sont des gens accueillants et généralement assez timides, apprendre la langue du pays, le kinyarwanda me rapproche d'eux.



Vivre en Afrique demande aussi de savoir s'adapter rapidement à de nombreuses situations, souvent imprévues, c'est parfois fatiguant. Mes amis et ma famille viennent me voir régulièrement, ils apprécient le Rwanda. Ce qui frappe ici, c'est les regards. Il faut s'y habituer, tout le monde te regarde, tu es le blanc, c'est normal ...




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